Hommage à nos enseignants

Né le 27 mai 1936 à Paris (XIVe arr.), mort le 1er avril 2020 ; instituteur ; militant syndicaliste (SNI) ; militant communiste, secrétaire de rédaction de L’École et la Nation ; adjoint au maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
es parents de Bernard Epin, Epin Abel né en 1906 et Maillot Renée née en 1908, tous deux issus de la paysannerie pauvre du Sud de l’Indre, arrivèrent à Paris en 1930. Le père, ouvrier intégré à l’EDF lors de la nationalisation, fut nommé contremaître dans les années 1950. Militant à la CGT depuis les années 1930, prisonnier de guerre jusqu’en 1945, il adhéra au Parti communiste français à son retour de captivité et y milita jusqu’à son décès en 1985. Sa mère exerçait la profession de couturière à domicile.

Entré à l’École normale d’instituteurs de Paris en 1951, Bernard Epin adhéra d’abord à l’Union de la jeunesse républicaine de France puis au PCF en 1954. Nommé instituteur dans le XIVe arrondissement de Paris en 1955, il exerça très rapidement des responsabilités syndicales au Syndicat national des instituteurs et politiques à l’échelon local. Passionné par la vie culturelle – et tout particulièrement par l’aventure du Théâtre national populaire de Jean Vilar -, Bernard Epin entra en 1957 au collectif de rédaction de L’École et la Nation, revue pédagogique mensuelle du PCF traitant des questions relatives à l’enseignement, l’éducation et la formation, et destinée aux enseignants et personnels de l’éducation. À son retour du service militaire qu’il effectua en Algérie de 1959 à 1961, il devint secrétaire de rédaction. Dans cette période, il déménagea à Saint-Ouen dont il fut membre du comité de la section communiste. Il y enseigna jusqu’en 1991 et s’y investit politiquement. Tout en poursuivant son activité à L’École et la Nation, il devint conseiller municipal lors des élections municipales de 1965, puis maire adjoint de 1971 à 1995, Fernand Lefort*puis Paulette Fost* étant maires de Saint-Ouen. Il était particulièrement chargé des activités culturelles. Il redevint conseiller municipal de 1995 à 2001. Ces différentes charges électives mirent fin à ses responsabilités syndicales au sein du SNI après 1968.

Le décès de Natha Caputo, pionnière de la critique de livres pour enfants qui assurait une rubrique régulière dans L’École et la Nation, le conduisit à prendre sa relève à la demande de Maurice Perche, le directeur de la revue (1968). Passionné par la dimension à la fois éducative et artistique de cette part de l’édition alors en pleine mutation, Bernard Epin occupa une place reconnue et multiplia les interventions militantes aux côtés de grands aînés comme Raoul Dubois* pour la promotion d’une littérature innovante et libératrice (débats, stages, émissions de radio, articles). Après la disparition de L’École et la Nation en 1986, il poursuivit son activité de critique à l’hebdomadaire Révolution, puis au mensuel Regards dirigé alors par Henri Malberg *, à l’Humanité enfin à partir de 1999. Il intervint dans diverses publications, en particulier La Revue des livres pour enfants, participa à des ouvrages collectifs (dont plusieurs guides édités par le Cercle de la librairie et le Salon du Livre-jeunesse de Montreuil). Bernard Epin publia une dizaine d’ouvrages devenus des références dans le domaine du livre de jeunesse avec la volonté de contribuer à l’idéal d’émancipation par l’école et à la nécessaire démocratisation de la lecture. Ainsi écrivait-il en 1985, en conclusion de son ouvrage Les livres de vos enfants, parlons-en : « L’exigence démocratique ne part jamais de rien. Elle s’alimente à tout ce qui fait les aspirations quotidiennes de notre vie. Le droit à la lecture, le pouvoir de lire qu’il faut gagner n’appartiennent pas au rayon des accessoires superflus. Ils se nourrissent des expériences heureuses, des rencontres réussies. Il en est du plaisir de lire comme des autres ; il ne s’accomplit qu’avec le désir et la possibilité de le faire partager. Raison de plus avec les enfants. ».

Bernard Epin s’était marié en novembre 1960 à Boulogne-Billancourt. Deux enfants naquirent de cette union (Frédérique et Benoît) en 1962 et 1964. Son épouse, Monique Humbert, adhérente du PCF, milita à la FCPE, au SNI, jusqu’en 1990 puis au SNU-IPP.

Claude Aufort

Les mots de ceux qui l’ont connu :

Michel Fainzang
Certains anciens comme moi ont pu la connaître comme monitrice à Jullou avec son mari, Claude aussi, je crois (chef-mono) quand elle était étudiante. Et son beau-frère (Bernard, je crois) magicien en herbe. Pré ado (comme on ne disait pas encore) difficile, je leur en ai fait baver quand ils voulaient nous faire chanter en canon « bateliers de la Volga «pour préparer une veillée sans doute. Pour moi, ce sont ces souvenirs qui maintiennent vivante la mémoire des disparus. Condoléances à sa famille et à ses camarades.
Emilie Lecrocq
Elle a été mon professeur d’anglais et celle de ma grande sœur, puis après une camarade. Je garde les souvenir d’une femme humaine et douce mais qui n’en rabattait jamais sur les idées.
Michel Fainzang
La dernière fois que je lui ai parlé, je crois, c’est plus tard en 1962 quand j’ai été désigné comme délégué au Festival Mondial de la Jeunesse à Helsinki. Elle m’a taquiné en me disant que son long militantisme à l’UEC (durant la Guerre d’Algérie, ce qui n’était pas une sinécure à l’époque) lui aurait mérité d’y aller. En effet, mon ex-femme qui a été sa collègue à Blanqui m’en disait le plus grand bien.
Géraldine Beausivoir
Affectée par cette triste nouvelle. Mme Aufort Au-delà d’une enseignante passionnée et dévouée, à été pour moi un modèle de femme forte, déterminée, et toujours en accord avec ses convictions.
Sincères condoléances à ses enfants, et à tous ceux à qui elle va manquer.
Respect du.

Julien Krimat
Une grande dame, ma professeure principale e d’anglais ! Une prof incroyablement militante aux idées révolutionnaires, communiste, affectueuse et attentive sur le devenir de ses élèves, on finissait les cours au café le week-end juste en face de Blanqui ! Claudie Aufort était à l’image d’une époque où la jeunesse était connectée à l’idée de rêver à un monde plus juste où la jeunesse devait avoir une place. J’espère de tout cœur que la municipalité actuelle lui accordera le nom d’un futur établissement scolaire ou de la maison des associations. Toutes mes condoléances à sa famille et à sa fille.
Jean Philippe Herbien
Elle fut ma prof d’anglais à Blanqui dans les années 70. Je garde le souvenir d’une femme extrêmement gentille et passionnée dans ses engagements. Je la croisais parfois au marché du Vieux St Ouen. Toutes mes condoléances à ses enfants, sa famille et ses amis.

Nathalie July
Moi j’ai eu la chance comme d’autres de l’avoir comme voisine. …… une belle personne….de celles qui illuminent la vie des autres par un mot, une phrase, un sourire….
Elle a donné à toi ceux qu’elle a croisé….
Condoléances à ses enfants…….
Paix à son âme

Ghislaine Belloni
Oui, Claudie s’en est allée. C’est une bien triste nouvelle ; beaucoup de souvenirs ensemble. Notamment un voyage en URSS en 1975 avec Claudie, prof d’anglais à Blanqui, Bernard Vasseur, lui aussi prof à Blanqui mais de philo et Gérard Souillac. Et puis, les nombreuses occasions de la croiser et de lutter avec les enseignants de Saint-Ouen. C’était une prof appréciée par ses élèves. C’était une passionnée. Et puis, elle a été si courageuse face à la maladie. Claudie, nous ne t’oublierons pas.