La folle histoire de l’ouverture du lycée de Saint-Ouen
1er octobre 1963
La folle histoire de l'ouverture du lycée de Saint-Ouen
Mars à octobre 1963
La scène se passe le mardi 1er octobre 1963, à Saint-Ouen à quelques centaines de mètres du Marché aux Puces et de la porte de Clignancourt. Une ville populaire de la très proche banlieue parisienne, dans le département de la Seine.
Des enfants sont là, rue Blanqui. Ils se regardent furtivement, sans mot. Certains garçons reconnaissent un copain, certaine filles une copine, ils se font alors un signe, rapidement.
De façon étrange, certains sont arrivés ensemble, dans un car, venant d’Epinay. Une ville qui n’est pas si proche. Ce qu’ils font là, on le découvrira plus tard. C’est, une drôle d’histoire.
Celles et ceux de Saint-Ouen ont avec eux un parent, papa ou maman, rarement les deux. Les mamans, de plus en plus nombreuses déjà, travaillent, elles aussi. C’est une journée de semaine. Il faut bien aller travailler même si c’est un grand jour pour la famille. Quand on a pu, on a demandé à pouvoir arriver en retard ; on rattrapera pendant la pause déjeuné tout à l’heure ou dans la semaine, plus tard. Certains chefs ont été compréhensifs, souvent impressionnés aussi. Toutes les familles n’ont pas la chance d’avoir un garçon ou une fille qui « marche bien à l’école ».
Ils ont 11 ans. C’est le plus grand jour de leur courte vie. Dans quelques minutes, ils vont entrer pour la première fois au lycée, en classe de 6e.
Pour la première fois, ces bâtiments scolaires sévères, coincés entre la rue des Rosiers, la rue Mariton et cette rue Blanqui, seront un lycée. Dans quelques instants, les portes du lycée de Saint-Ouen vont s’ouvrir. Pour la première fois.
En Juin
En juin dernier, quand ils ont quitté leur instituteur ou leur institutrice à la fin de leur dernière année de primaire, aucun d’entre eux ne pouvait imaginer se retrouver là, ce matin-là. Ni ce lycée, ni cette rentrée n’étaient programmés.
Certes, depuis « des années », certains disent même « depuis 45 », la municipalité communiste de Saint-Ouen a revendiqué l’ouverture de classes menant au baccalauréat et aux écoles normales(1) et exigé un accès aux études supérieures pour que les enfants d’une « ville ouvrière comme la nôtre (…) aient des chances égales d’accéder à l’enseignement supérieur(2) » grâce à l’ouverture d’un lycée. Mais personne n’imaginait vraiment que cela se ferait aussi vite.
Cette « folle histoire de l’ouverture du lycée de Saint-Ouen » mérite d’être racontée. Plus de cinquante ans après, pour le plus grand nombre, ce sera une découverte ; pour d’autres cela rappellera une histoire vécue mais largement oubliée. Pour débuter notre enquête, nous nous sommes donc rendus aux archives municipales installées dans les confortables locaux de la médiathèque Persépolis (entrée par le boulevard Victor Hugo) pour éplucher les collections du Bulletin municipal et de l’hebdomadaire local Le Réveil de Saint-Ouen.
En mars
Remontons d’abord jusqu’au 8 mars 1961. Le détour n’en est pas un. Ce jour-là, lors de la réunion du Conseil général du département de la Seine (la Seine-Saint-Denis n’existe pas encore) il est annoncé l’ouverture d’un lycée « technique » à Épinay à la rentrée 1962.
Alors que la France est embourbée en Algérie, le IIIe Plan (1959-1961), n’a pas permis de satisfaire « intégralement (ou) qu’avec retard (…) aux besoins résultant de l’évolution dynamique de la scolarisation »(3) . La perspective d’un lycée technique tout neuf n’anticipe que de quelques mois la priorité qui sera donnée à l’enseignement dans la réalisation du IVe Plan adopté pour les années 1962 à 1965. On programme alors la création dans l’enseignement technique de 100 000 places d’externes, 25 000 places en demi-pension (+50 % des capacités) et 30 000 places en internat (+30%) pour un total de 1 milliards 500 millions de (nouveaux) Francs. La programmation des engagements est régionalisée.
Hélas pour les Spinassiens, le 22 mars 1963, à l’occasion d’une nouvelle réunion du Conseil général de la Seine, leur conseiller général, Fernand Bélino doit constater l’abandon du projet de lycée technique « Il n’est plus question que de la création de 10 à 12 classes provisoires de lycée qui devraient fonctionner dès la prochaine rentrée ». Et l’élu, s’adressant au directeur général des services d’Enseignement de la Seine, de s’inquiéter « nous sommes fin mars et, en ce qui concerne la construction de ces classes, rien n’est encore fait (…) Pouvez-vous nous donner l’assurance que les 12 classes provisoires de lycée seront effectivement ouvertes à Epinay pour la rentrée de septembre ? »(4) . Rappelons ici que Bélino est un élu communiste et un des principaux opposants du maire UNR (parti gaulliste du moment) d’Epinay, Jean-Charles Privet.
Il nous faut aussi signaler que Fernand Lefort, maire de Saint-Ouen, lui aussi, conseiller général du département de la Seine, n’a pas manqué de « dénoncer avec vigueur les conséquences néfastes de la politique gaulliste en ce qui concerne les problèmes de l’enseignement » lors de cette même réunion du Conseil général(5) . Gageons qu’il n’a rien loupé de l’échange concernant le manque d’anticipation des travaux à Épinay. Peut-être même les élus communistes du secteur en ont-ils discuté ensemble…
De mai à juillet
Au mois de mai suivant, nous apprenons dans le journal local que le directeur général des services d’enseignement du département de la Seine a confirmé que le lycée technique d’Epinay « n’est plus sur (sa) liste ». Dans le même temps, « un lycée d’enseignement technique de garçons » est programmé pour la rentrée 64 à Saint-Ouen pour la somme de 3 500 000 francs(6) . Il s’agit sans doute de ce qui sera le lycée Marcel Cachin. Celui-ci sera réservé aux garçons. Il accueillera ensuite des classes de secrétariat réservées aux filles quand celles-ci quitteront le groupe Michelet avant, bien plus tard d’être intégrées au lycée devenu polyvalent, rue Blanqui. N’anticipons pas davantage.
Juillet
Début juillet, les enfants sont maintenant en vacances. Le Réveil a publié les listes exhaustives de celles et ceux qui ont réussi le certificat d’études dans les écoles de Saint-Ouen et publié des photos de leur voyage en avion à Londres (six avions ont été nécessaires !), récompense offerte par la municipalité(7) . Ces enfants, ces élèves, sont issus des classes primaires dites « de fin d’études ». Cet examen marquait la fin de la scolarisation des enfants atteignant l’âge de 14 ans. Le processus d’application de la réforme Berthoin de 1959 qui porte la scolarisation obligatoire à 16 ans ne s’applique pas encore uniformément selon les points du territoire.
Pour ce qui concerne le lycée, les choses s’accélèrent à Épinay. À Saint-Ouen aussi d’ailleurs.
Le lundi 1er juillet, le Comité de coordination des associations de parents d’élèves d’Épinay convoque les parents dont les enfants sont admis en entrer en classe de 6e en septembre. Ceux-ci, en présence de M. Desjames, maire-adjoint de la ville, expriment leur Inquiétude devant l’absence de tous travaux. Leurs enfants seront-ils « obligé d’aller au lycée de Saint-Denis ou ailleurs ?»(8) . Sur proposition du conseiller général Bélino, « opportunément » présent, ils demandent à être reçus en audience par « l’inspecteur Jacob à l’académie de Paris, rue des Ecoles »(9) . Rendez-vous est pris le samedi 6 juillet à 10 heures.
Lors de l’entretien, M Jacob, inspecteur général, confie son relatif optimisme quant à la bonne réalisation des travaux permettant l’ouverture des classes provisoires prévues à Epinay dès la prochaine rentrée. Il suggère néanmoins d’envisager le contraire et donc une solution alternative à trouver avec la municipalité d’Epinay car les lycées d’Enghien et de Saint-Denis « sont déjà archicombles »(10) .
Le lundi 8 juillet, à dix heures, Fernand Bélino est reçu par M. Privet, maire d’Epinay, « en présence de M. Wapler, conseiller municipal et secrétaire de la section SFIO »(11) . Le maire indique aux élus de son opposition que l’entreprise chargée de la construction des 12 classes s’est engagée auprès de lui à terminer les travaux pour la rentrée. Dans le cas contraire, relate Le Réveil(12) , il « ferait le maximum pour trouver les locaux provisoires indispensables (…) il mettrait, si cela était nécessaire, les cantines à disposition des enfants qui fréquenteront les classes de lycée ». Le journal – communiste- conclut sur ce sujet en jugeant que les parents d’Epinay « peuvent être rassurés en ce qui concerne l’entrée de leurs enfants en classe de sixième et de cinquième et peut-être de quatrième »…
Le mardi 9 juillet, le conseil municipal de Saint-Ouen, de son côté, après avoir rappelé « (sa) volonté sans cesse exprimée depuis 1945, d’un lycée dans notre ville », en propose à l’État l’ouverture dans l’ancien groupe Blanqui. Les locaux de cette ancienne école, lourdement éprouvée par les bombardements aériens de la seconde guerre mondiale, ont fait l’objet de plusieurs phases de travaux de reconstruction et/ou remplacement, depuis lors, notamment par une structure métallique le long de la rue des Rosiers (ancienne école de garçons). Depuis l’ouverture en 1960, du tout nouveau groupe scolaire Joliot-Curie, une dizaine de classes y sont vides et donc disponibles sans délai. Seule reste encore sur place l’école maternelle (entrée par la rue Mariton). Elle quittera le groupe Blanqui pour rejoindre l’école Bachelet en septembre 1966.
Le mercredi 15 juillet, c’est au tour du conseil municipal d’Epinay de se réunir et d’adopter une ouverture de crédit pour « l’assainissement de l’annexe au lycée Jacques-Decour, de Saint-Denis(13) , qui sera édifiée rue de Nancy »(14) . Il semble que de côté-ci, les responsables de la planification des travaux ont mal estimé les urgences. Manque d’anticipation ? de vision ? de moyens ? Deux mois seulement avant une ouverture espérée, on budgétise enfin –peut-être un peu tard, l’assainissement des terrains.
La ville de Saint-Ouen serait-elle en passe de réaliser un hold-up ?
En août
Août
Le mois d’août n’apporte rien de nouveau. On apprend que, comme chaque année, la préparation de la fête de l’Huma qui se tiendra à La Courneuve les 7 et 8 septembre suivants, a mobilisé les militants des trois sections communistes locales. Ils ont déjà placé « plus de 7 000 vignettes (à) Saint-Ouen »(15) . La municipalité, pour sa part, prépare activement la rentrée. Pour les « écoles primaires et maternelles », la rentrée scolaire est annoncée pour le lundi 16 septembre à 8h30 et celle des « collèges d’enseignement général, commercial et industriel » se déroulera le lundi 23 septembre également à 8h30(16) . Pour les inscriptions, les parents doivent se présenter au « Bureau d’hygiène (…) derrière la Mairie, Porte n°2 » ou au « Bureau des écoles (…) derrière la Mairie, Porte n°4 »(17) .
À la fin du mois d’août, à trois semaines seulement de la rentrée, aucune référence n’est faite à une rentrée scolaire dans un lycée local. On parle bien d’une « folle histoire ».
En septembre
Le 11 septembre 1963 restera une date historique dans l’histoire locale. Ce jour-là, l’académie de Paris informe la ville de Saint-Ouen de son acceptation de l’offre de locaux faite en juillet afin « d’ouvrir, à compter du 1er octobre un cycle d’observation constituant une annexe du lycée classique et moderne de Saint-Denis »(18) . Aussitôt la municipalité édite une affiche pour informer la population.
Dès le 1er octobre « des classes de 6e (et de 5e) seront ouvertes, en priorité pour les enfants de St-Ouen actuellement dispersés dans des lycées et des collèges d’enseignement général de Paris et de la banlieue »(19) . Ce point, souligné par la municipalité, a son importance. Il est l’une des quatre garanties que la municipalité a exigées avant de donner son accord aux autorités académiques(20) . Outre la priorité aux enfants de la ville, la municipalité a obtenu « par écrit et verbalement » l’assurance que cet établissement serait doté de professeurs de lycée. L’Éducation nationale s’est par ailleurs engagé formellement d’avoir « à St-Ouen » un « établissement complet permettant à l’enfant entrant en 6e à Blanqui d’aller jusqu’au Baccalauréat » Enfin, la « participation financière maximum de l’État pour les constructions et équipements futurs du lycée(21) » est acquise (au moins formellement).
Le samedi 21 septembre, (date très probable selon les indications données par Le Réveil ), une réunion de parents d’élèves se tient, salle de L’Éveil de l’enfance, « en présence de M. le Proviseur du lycée de Saint-Denis chargé de la mise en route de l’annexe de Saint-Ouen » et de Paul Sanchez, maire-adjoint chargé de l’enseignement.
À cette occasion, de nombreuses questions trouvent des réponses. Dès le 1er octobre :
• 7 classes de 6e seront ouvertes « selon les effectifs » ;
• Les classes seront mixtes. Il y aura une section classique et une section moderne. « En ce début », on enseignera l’anglais et l’allemand ;
• « Pour toute cette année scolaire, les professeurs spécialement affectés à ces classes nouvelles seront des professeurs de lycée licenciés ». On trouve ici trace de la volonté attentive de la municipalité de ne rien céder en matière de qualité de l’enseignement délivré aux couches populaires. Lors de cette même rentrée scolaire 1963, les parents d’élèves, les enseignants de la ville, la municipalité s’émeuvent du non-remplacement d’enseignants en maternelle et primaire ou la nomination de professeurs insuffisamment formés dans les C.E.G de la ville(22) .
• Des instructions ont été données afin que les élèves « déjà inscrits à un lycée » bénéficient de formalités de mutation réduites au minimum afin de rejoindre le nouvel établissement sans délai. Ce point a son importance car les élèves orientés au lycée en sortie de primaire étaient déjà inscrits pour la plupart à Paris. Plusieurs (combien ?) sont revenus sur leurs pas. Nous en avons témoignage. Ainsi Pierre Mazelin, qui sera présent à cette rentrée du 1er octobre, a fait une première rentrée en sixième à l’annexe du lycée Lamartine, dans des locaux préfabriqués, porte Montmartre ;
• Des mesures seront prise afin que les livres « déjà achetés » soient employés dans l ‘établissement ;
• La demi-pension sera assurée pour ceux qui en feront la demande ;
• Pour les boursiers, la bourse suivra à Saint-Ouen ;
• Pour les enfants inscrits dans un CEG « faute de place dans un lycée sollicité » et pour ceux déjà affectés à un C.E.G de Saint-Ouen, « la mutation au lycée sera possible avec l’accord du Directeur ou de la Directrice du C.E.G en cause » ;
• Et, enfin, « aucune tenue (blouse…) de couleur et de coupe déterminée ne sera exigée » . Ce qui nous rappelle à contrario qu’en ce temps-là, l’inverse était la règle.
• Les enfants de Saint-Ouen destinés aux sixièmes seront « obligatoirement affectés au lycée de Saint-Ouen (…) dès la rentrée de 1964 » (…) et ceux « actuellement dans des 6e et 5e d’autres lycées »(23) pourront rejoindre le lycée de Saint-Ouen ;
• « Des classes allant jusqu’à la seconde incluse seront ouvertes, suivront par la suite et sans interruption les classes de premières et terminales » ;
• « Les professeurs spécialement attachés à l’établissement seront des professeurs agrégés pour les classes qui en ont besoin ». Ici encore, transparait –déjà- la crainte d’un lycée de « seconde zone » ;
• « De nouvelles langues et disciplines seront enseignées au fur et à mesure de la manifestation de ces besoins » ;
• « Dès que possible, le lycée recevra son autonomie ». Ce point fera sourire celles et ceux qui ont vécu les trente années suivantes…
Paul Sanchez ne manqua pas de rappeler à l’assistance que « l’action conjuguée des familles, de la municipalité et du corps enseignant » aura obligé « le pouvoir à tenir les promesses faites ». La suite ne lui donna pas totalement tort. L’administration centrale de l’Éducation nationale semble avoir toujours su « se hâter lentement » en fonction des rapports de forces établis.
Ce même samedi 21 septembre, se tient une autre réunion, plus maussade, à Épinay, à l’initiative du proviseur du lycée de Saint-Denis (Celui-ci se démultiplie pour rassurer les uns et ne pas inquiéter les autres).
Devant un parterre très fourni de parents inquiets, mécontents et un maire-adjoint dépassé, constat est fait que malgré les promesses, la mise en place d’un établissement au cours de l’été, n’a pas eu lieu. Au mieux – mais personne ne peut plus y croire- les travaux pourraient être réalisés dans un délai de quatre à six semaines.
Il faut donc se rendre à l’évidence et accepter, selon les termes du communiqué d’«un groupe de parents d’élèves d’Épinay » publié début octobre dans les pages spinassiennes du Réveil de Saint-Ouen, à accepter que « grâce aux démarches de Monsieur le Proviseur et à la compréhension de la municipalité de Saint-Ouen, les enfants intéressés pourront malgré tout, recevoir dans des salles prêtées par un groupe scolaire de Saint-Ouen, où il seront transportés en autocar (…) cette rentrée se fera avec huit jours de retard (mardi 1er octobre) et, naturellement, étant donné les conditions, tous les élèves devront manger à la cantine(24) ».
Les parents d’élèves(25), frustrés, s’indignent qu’«une nouvelle fois (…) ils se trouvent placés devant le fait accompli ». Ils prennent soin de remercier « Monsieur le Proviseur du lycée de Saint-Denis et Madame la directrice de l’annexe d’Epinay du dévouement dont ils ont fait preuve pour trouver des solutions à leurs problèmes ».
Dimanche 29 septembre, les plus chanceux des enfants seront peut-être aller au cinéma en famille. À Saint-Ouen, ils ont pu voir Les Révoltés du Bounty, « nouvelle version d’un classique film d’aventure de la mer, qui bénéficie, cette fois, de la couleur et du grand écran » donné à l’Alhambra, rue des Rosiers ; Le Glaive et la balance, « film franco-italien avec Anthony Perkins, Jean-Claude Brialy, Renato Salvotory (sic) , Pascale Audret (sic) »(26) au Trianon, avenue Gabriel Péri ou Une blonde comme ça, « film franco-argentin en couleurs (…) tiré d’un roman de la Série noire de James Hadley Chase » au Star, avenue du Capitaine Glarner(27) . Que du Bonheur…
En octobre
Octobre
Mardi 1er octobre. Nous y revenons après ces allers retours Saint-Ouen-Epinay. Nous avons maintenant compris que les uns vont vivre la première journée du Lycée de Saint-Ouen, les autres participeront à la première journée au lycée d’Epinay, provisoirement recueilli dans des locaux scolaires mis à disposition par la municipalité de Saint-Ouen. La réalité a toujours plusieurs visages, semble-t-il…Mais l’important est que le Lycée « DE » Saint-Ouen existe dorénavant. Déjà, probablement, on l’appelle « Lycée Blanqui » sans attendre une autonomie administrative qui viendra bien plus tard et un déménagement encore plus lointain.
Ce mardi matin-là, ils sont 180 à franchir les portes pour la première fois (les élèves du quartier avaient cependant déjà fréquenté la maternelle ou de la primaire du « Groupe Blanqui »). Venant directement des écoles primaires de Saint-Ouen et d’Epinay ; parfois après avoir été inscrit dans un lycée ou un C.E.G parisiens ; parfois encore, après une inscription administrative dans un des deux collèges d’enseignement général, commercial et industriel de la ville (Jaurès ou Michelet). Leur nouvelle vie commence.
Nous savons que bien peu finiront leurs études secondaires dans cet établissement sans « redoubler » au moins une classe. Nous savons aussi que les classes supérieures ne seront pas toujours créées en temps utile pour qu’ils puissent bénéficier de la montée pédagogique de leur choix. Certains devront quitter l’établissement pour atteindre le bac. Les Spinassiens eux, repartiront vite rue de Nancy. Il nous reste à apprendre à quelle date. Nous savons par le Bulletin municipal de Saint-Ouen, qu’ils sont encore présents au début du mois de décembre(28) .
À ce stade, beaucoup de faits nous sont encore inconnus. Ce que nous avons appris dans la archives mérite d’être confronté au témoignage des « anciennes et des anciens ». Ces enfants entrent au lycée avec la claire perspective de pouvoir passer le baccalauréat. En cela, ils se distinguent de leurs camarades –beaucoup plus nombreux- qui ont été orientés différemment à l’issue de leur CM2 commun.
Mais, pour ceux qui sont là le 1er octobre 63, comme pour ceux qui vont les rejoindre au cours des années qui viennent, à travers leur parcours scolaire, dans leur vie d’hommes et de femmes plus tard : en quoi leur passage au lycée de Saint-Ouen a-t-il eu une influence ?
Issus, pour la plupart, de familles populaires ; accédant, les premiers « chez eux » à l’enseignement secondaire, ont-ils eu- ont-elles eu- un destin commun, un destin particulier, qui les distinguerait ?
À voir…
Bertrand DRUON
Lycée de Saint-Ouen
1966/1972
Notes du texte
[1] Bulletin municipal n°3 / Octobre 1947 –page 10
2 Le Réveil n° 935 – 27 septembre 1963 – page de couverture
3 Alain Gascuel, Aspects du IVe Plan, préface de Pierre Massé, Ed. Berger Levrault, 1962.
4 Le Réveil n°909 – 29 mars 1963
5 Le Réveil n°909 – 29 mars 1963
6 Le Réveil n°914 – 4 mai 1963 – page 5
7 Le Réveil n°923 – 5 juillet 1963
8 Le Réveil n° 923 – 5 juillet 1963 – page 4
9 Id.
10 Le Réveil n° 924 – 12 juillet 1963 – page 6
11 Id.
12 Id.
13 Il faut rappeler ici que le Lycée de Saint-Denis, ouvert en 1957 en tant qu’annexe du Lycée Jacques Decour de Paris, ne sera dénommé Paul Eluard qu’à partir de son inauguration en tant que tel par Louis Aragon en 1965.
Paul Éluard est né dans cette ville.
14 Le Réveil n° 925 – 19 juillet 1963 – page 4
15 Le Réveil n°929 – 16 août 1963 – page de couverture
16 Le Réveil n°931 – 30 août 1963 – page 2
17 Id.
18 Le Réveil n° 935 – 27 septembre 1963 – Titre de Une : « Le lycée de St-Ouen va enfin naître le 1er octobre », suite de l’article en page 3
19 Affiche Ville de Saint-Ouen « Ouverture d’un lycée à Saint-Ouen ! » – Imprimerie Denolf – Archives municipales.
20 Le Réveil n°935 – 27 septembre 1963 – page 3
21 Id.
22 Le Réveil n°936 – 4 octobre 1963 – page 3
23 Id.
24 Le Réveil n° 936 – 4 octobre 1963 – page 6
25 Le Réveil n° 935 – 27 septembre 1963 –page 2
26 Id.
27 Id.
28 Le Réveil n° 935 – 27 septembre 1963 –page 2
En 1963
Les trésors des archives municipales de la ville de Saint-Ouen sur Seine
un clic ici pour découvrir le bulletin municipale de plusieurs décennies
En 1964
Centre de Montagne de la ville de Saint-Ouen en 1964 : séjour familial de Mardi-Gras; classe de neige Jean Jaurès et Michelet (garçons) en Février et Mars; séjour de jeunes à Pâques en Mars et Avril.
On recherche photos du lycée en 1964
Ou des documents journaux, bulletins municipaux
En 1965




