Boîte à souvenir
Voici un petit témoigne de Dominique Bichet
Le souvenir de ces années est encore vif dans mon esprit. Je crois qu’en effet l’existence de ce lycée a eu une grande influence sur nos devenirs. Je me souviens que dès la fin de la 5ème nombre d’entre nous avaient été réorientés vers des filières professionnelles ou vers le GEG d’où il était difficile de réintégrer la filière « noble » en fin de 3ème.
J’ai le souvenir de professeurs extraordinaires, de véritables initiateurs, éveilleurs comme M. Mougenot et Mme Chrétiennot. Je me souviens également de Mme Guillon, professeur de mathématique très gentille, peut-être trop. Je remercie également M. Lasserre professeur de lettres, mais également Témoin de Jehova, qui m’a appris bien malgré lui à argumenter et à lui résister.
A partir de mai 68 les lycéens ont eu tendance à être plutôt politisés, et presque chaque année un mouvement de contestation et de grève se déclenchait de préférence aux beaux jours ; il y avait toujours une bonne raison pour cela. C’était devenu une sorte de tradition.
Nous étions allés assister à la Cartoucherie de Vincennes, avec M. Mougenot et Mme Chrétiennot aux représentations de « 1789 » et de « 1793 ». Nous y avions noué des liens avec plusieurs acteurs de la troupe du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. En 1971 à l’occasion du centenaire de la Commune de Paris, plusieurs d’entre eux étaient venus au lycée pour nous aider à concevoir et mettre en scène un spectacle sur ce thème en nous inspirant de leurs pratiques. Nous avions imposé cette représentation à l’administration et nous avions collectivement joué cette « création » à la manière du Théâtre du Soleil au sein du lycée. Je me souviens y avoir tenu le rôle d’une allégorie du peuple en 1830 et 1848, puis d’un membre des troupes versaillaises. Les élèves plus jeunes jouaient les communards, mais ceux-ci ont refusé de perdre et ont réécrit l’histoire….
J’ai effectué ma scolarité primaire à Aubervilliers et suite à un déménagement, je suis entré en 6ème au lycée Blanqui à la rentrée de septembre 65 un peu par hasard, et certainement pas par stratégie scolaire- c’était le plus proche de mon domicile. Le Lycée avait été créé l’année précédente et il a grandi avec nous. J’y suis resté jusqu’à la fin de l’année scolaire 1972 où je me suis fait exclure en fin de première. Après un été passé à essuyer des refus dans tous les lycées parisiens des environs, j’ai fini par faire mon année de terminale dans la maison mère (Paul Eduard), en échange d’un engagement écrit de renoncer à toute activité politique au sein de l’établissement. Engagement que je me suis empressé de ne pas respecter. Nous étions en 1973, année de grande agitation dans les lycées.
En espérant que mon témoignage pourra vous être utile.
Je salue les membres de votre équipe que je connais sans oublier les autres.
Dominique Bichet




